Notre Dame de Paix

 

Origine et description de la statue

Le premier texte connu sur la statue de Notre-Dame de Paix provient d'un livre paru en 1660, du Père Médard de Compiègne, prédicateur capucin. "On assure que cette image est l'héritage de l'illustre Maison de Joyeuse, qui demeurait, par succession, à celui des enfants de cette illustre famille qui avait le plus de dévotion à la conserver." S'appuyant sur ce texte, une tradition, sans fondement historique, a fait remonter au XIIP siècle, voire au Xll°, l'origine de la statue. C'était la croyance à l'époque des fondateurs de la Congrégation des Sacrés-Cœurs.
Le P. Godefroy, archiviste capucin, a fait, en 1935, un travail très documenté : "En Provence, en Languedoc, en Aquitaine, la civilisation romaine avait laissé son empreinte... A la Renaissance, de nombreux artistes méridionaux se mettent à œuvrer d'après le canon d'Athènes et de Sparte. L'un d'eux entreprend de sculpter, en plein bois, sans doute sur commande, une statuette de la Madone. Artiste, il veut sa Vierge plus belle qu'une déesse. Français, dégoûté des horreurs de la guerre, il la conçoit comme une apparition de la Paix. Double dessein facile à réaliser pour un sculpteur languedocien. Les modèles foisonnent. Sa Vierge est de petite taille : 33 cm, piédestal non compris. Marie, légèrement hanchée à gauche, est vêtue du chiton, la tunique grecque, plissée et fermée. Ce vêtement tombe jusqu'aux pieds, découverts, chaussés de sandales, forme romaine... L'artiste revêt sa Madone, par-dessus son chiton, d'un casaquin Renaissance, décolleté en carré, lacé jusqu'à la taille... Les manches font kimono... En outre, l'artiste a jeté sur les épaules de Marie, selon la mode du temps, un fichu, très légèrement drapé, aux pans noués sur la poitrine et tombant court. Le reste du costume est spécifiquement grec. Marie se drape dans unpeplos bordé d'un tuyauté araméen. Roulé autour du bras gauche, ce manteau laisse le bras droit libre et découvert. 

Dans sa main droite, la Madone tient une branche d'olivier. Sur son bras gauche, repose, vêtu d'une chemise froncée, l'Enfant Jésus, bras tendus. Le Sauveur, tête nue, cheveux frisés, serre dans sa main droite la croix, et dans sa main gauche le globe du monde. La Vierge, elle aussi, porte, à l'antique, le chef découvert... mais sa coiffure offre une note Renaissance... Les cheveux de la Vierge, séparés sur le devant, s'étagent en deux nattes de chaque côté de la tête... Elles forment un chignon à l'arriére et retombent sur le dos en une natte unique. En outre, une cinquième natte, partant de la nuque et formant auréole, est nouée sur le milieu de la tête, en avant."

Nous pouvons conclure en toute certitude : la statue a été sculptée dans le Languedoc à l'époque de la Renaissance Française par un artiste inconnu. Elle était primitivement peinte et habillée. L'œuvre a été décapée. Date de naissance ? Présumons que la statue a été œuvrée, pour la famille de Joyeuse, à une époque voisine de 1530. 

Le 9 juillet 1906, Notre-Dame de Paix et l'Enfant Jésus recevaient leurs couronnes, officiellement remises au nom de Saint Pie X.

Résidences successives

de la statue L'histoire de la statue est intimement liée à celle de la famille de Joyeuse. Dès 1518, Jean de Joyeuse quitte le Château de Joyeuse, dans l'Ardèche, pour celui que Françoise de Voisins lui a apporté en dot, le Château de Couiza, dans le Bas-Languedoc. La statue, toute neuve, y arrive donc vers 1530.
Elle appartient ensuite à leur fils, Guillaume, le plus pieux, qui l'emporte en 1561 à l'hôtel de trésorerie de Toulouse où il est nommé.
De son mariage avec Marie de Batarnay, il a sept fils et c'est Henri qui recevra la statuette. Cahors, Limoges, Orléans, quinze jours de route à travers la France pour gagner Paris vers la mi-novembre 1576, au Collège de Navarre, puis en 1582 à l'hôtel du Bouchage, rue Saint-Honoré, à l'actuel emplacement du Temple de l'Oratoire. Henri, bien qu'attiré par la vie religieuse, est contraint d'épouser Catherine de La Vallette. Le couple s'installe, toujours rue Saint-Honoré, dans un hôtel contigu au monastère des Capucins et y aménage une chapelle pour Notre-Dame de Paix. Veuf, Henri confie sa fille Henriette-Catherine à sa mère, puis il entre chez les Capucins en 1587 et leur offre la moitié de son hôtel contenant la chapelle de Notre-Dame de Paix. Il meurt en 1608. Entre temps, les capucins, voulant agrandir leur monastère, sont contraints de démolir l'oratoire de la Madone. Ils aménagent dans la façade une petite niche pour exposer la statue à la vue du public. Elle y restera 63 ans. Les pèlerins, de plus en plus nombreux, poussent les capucins à l'installer dans leur propre chapelle, en 1651, puis à en construire une plus grande où elle prendra place en 1657.  
1658, le roi Louis XIV tombe malade. La reine demande des prières. Les capucins s'adressent à Notre-Dame de Paix, et le 9 juillet, le roi est guéri, on parle de résurrection. En ex-voto, la reine demande une peinture à Mignard, une toile (1e 2,50 x 4,81 m, exposée actuellement au Château de Versailles.
Dans la tourmente révolutionnaire, en 1791, un capucin cache la statuette et la confie à Mlle Papin. Peu après, celle-ci la prête à Mme de Luynes, rue de l'Université. Soucieuse d'en établir l'authenticité, Mme de Luynes sollicite d'un vicaire épiscopal la rédaction d'un acte revêtu du sceau de l'Archevêque de Paris, cachet rouge toujours visible. Au décès de Mme de Luynes, c'est la sœur de Mlle Papin, Mme Coipel, qui est l'héritière de la précieuse statue. Elle désire la confier à un couvent et la propose aux fondateurs de la Congrégation des Sacrés-Cœurs et de l'Adoration, Henriette Aymer et Pierre Coudrin. Malgré tout, il faut multiplier les déplacements pour l'obtenir tant la statue est convoitée
   
 
L'arrivée de Notre-Dame de Paix à Picpus.

Le 6 mai 1806, la Mère Henriette Aymer, fondatrice de la congrégation des Sacrés-Cœurs, arrive avec la statue de Notre-Dame de Paix. Le Père Coudrin la dépose provisoirement à l'autel de l'Etoile du Matin, dans la chapelle. Notre-Dame de Paix devient la Protectrice de toute la Congrégation, Pères et Sœurs.
 

Intercession de Notre-Dame de Paix

Impossible d'énumérer les faveurs obtenues par l'intercession de Notre-Dame de Paix. Il semble que la Vierge se plaise à être invoquée sous ce vocable. La Bonne Mère a recours à la Vierge dans toutes les circonstances difficiles et exhorte les sœurs à la prier. C'est à l'intervention de Notre-Dame de Paix qu'elle attribue bien des guérisons obtenues.

 N.D. de Paix  La Louvesc (Ardèche)
         
Dévotion à Notre-Dame de Paix
Chaque année depuis 1806, le 9 juillet est, pour la Congrégation,
la fête de Notre-Dame de Paix.
En 1915, plusieurs évoques expriment au Saint Père leur désir que, dans la récitation des Litanies, l'invocation Reine du Très Saint Rosaire soit suivie de la nouvelle invocation


Regina Pacis, Ora Pro Nobis - Reine de Paix, priez pour nous.

En 1917, Benoît XV rendait cette invocation officielle pour le monde entier. La Congrégation des Sacrés Cœurs avait cette autorisation depuis le 9 juillet 1839. "Que cette pieuse invocation monte de tous les coins de la terre. Qu'elle monte vers Marie qui est Mère de Miséricorde et toute puissante par grâce, qu'elle l'amène à obtenir au monde bouleversé la Paix demandée et qu'elle rappelle ensuite aux siècles futurs l'efficacité de sa médiation. " (Benoît XV)
Du pied de cette statue sont partis nombre de missionnaires, sœurs et frères, dont le Bienheureux Damien, "l'apôtre des lépreux". Ainsi la dévotion à Notre-Dame de Paix se répand-elle aux quatre coins du monde, là où l'Esprit Saint appelle à servir :

1827 Océanie : Hawaii - 1834 Polynésie Française - 1834 Amérique Latine : Chili -
1840 Belgique-1848 Pérou- 1862 Equateur- 1880 Espagne- 1883 Bolivie-
1893 Allemagne-l894 Iles Cook- 1895 Grande-Bretagne- 1896 Pays-Bas-
1905 Etats-Unis - 1923 Asie : Indonésie - 1925 Brésil - 1927 Pologne - 1928 Canada -
1929 Argentine - 1930 Norvège - 1931 Portugal - 1932 Congo Belge - 1932 Italie -
1933 Autriche - 1945 Colombie - 1948 Irlande - 1949 Japon - 1953 Porto Rico -
1956 Mozambique - 1958 Singapour - 1961 Bahamas - 1964 Nouvelle - Zélande-
1965 Paraguay - 1972 Suisse - 1973 Côte d'Ivoire - 1975 Inde - 1977 Australie-
1977 Tanzanie - 1987 Zambie - 1990 Philippines -
        Extraits de la Revue Horizons Blancs
 n° spécial Edition mars 2001